Parc des Monts d’Ardèche

Je pars de bonne heure ce matin car des orages et de la grêle sont annoncés pour aujourd’hui. Et j’ai 15 km à faire pour atteindre le prochain village où je peux potentiellement m’installer. Le chemin nous promène entre l’Ardèche et la Haute-Loire, les paysages sont toujours agréables, le Mont Mézenc et le Mont Gerbier de Jonc dominent maintenant notre horizon. Un premier orage éclate au loin, il nous reste encore une heure de marche avant d’arriver mais l’orage à la bonne idée de nous contourner. J’arrive au stade de foot que la secrétaire de mairie de la commune de Les Vastres m’avait proposé. Il y a un petit abri sous lequel je pourrais monter la tente en cas de grêle mais je descends quand même au village vérifier qu’il n’y ait pas un autre lieu mieux abrité pour Honoré. Finalement retour au stade on devra se contenter de ça mais c’est déjà pas mal.
Nous poursuivons notre progression dans les Monts d’Ardèche. Le paysage est vallonné, mais maintenant nous y sommes habitués. Nous avons été doublé par deux Québécois à vélo, qui m’ont bien fait rire en me demandant si j’avais le droit de faire le tour de France à pieds avec un âne. Je ne comprenais pas bien le sens de la remarque quand ils m’ont expliqué que la France est un pays étrange. Pour les Québécois, en France, pays des droits de l’homme, il faut toujours demander une autorisation pour tout. Si la remarque n’est pas drôle, notamment quant à l’image qu’elle donne de notre pays, l’accent avec lequel la remarque est soulignée est assez amusant, tabarnak. Nous suivons le GR7 et par ici, il longe pour partie ce qu’on appelle la ligne de séparation des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée. En fait c’est une ligne imaginaire mais parfois symbolisée par des œuvres d’art, qui marquent cet endroit d’où l’eau va s’écouler : sur le versant Est de cette ligne, l’eau va s’écouler vers la Méditerranée, sur le versant Ouest, l’eau va s’écouler vers l’Atlantique. C’est le cas de la Loire, elle s’écoule sur le versant Ouest. Il s’en est fallu de peu pour que le plus long fleuve de France, ne soit qu’une rivière qui se jette dans le Rhône, quelques mètres plus à l’Est…
La journée a été longue à cause des dénivelés et parce qu’il est difficile dans ces petits villages de trouver du ravitaillement et un endroit pour pique-niquer le midi. Par précaution, j’appelle la mairie des Estables, une petite station de ski familiale, pour trouver un bivouac. Dans ces zones escarpées, les fermes ne sont pas toutes habitées et les terrains des particuliers, souvent en pente, ne permettent pas de nous recevoir. On me propose alors une aire de pique-nique à l’extérieur du village. Ce soir je bivouac donc près d’un ruisseau qui s’appelle la Gazeille. Pour ceux qui connaissent Robert-Louis Stevenson et son fameux voyage dans les Cévennes avec un âne, ce nom doit leur rappeler quelque chose… Le-Monastier-sur-Gazeille est à une quinzaine de kilomètres d’ici. Ici le ruisseau fait moins d’un mètre de large mais le débit est suffisant pour y faire la lessive et la toilette.
Nous partons de bonne heure ce matin car je sais que le dénivelé va être encore important et entre le déchirure musculaire au mollet gauche et la tendinite au genou droit de plus en plus présent, je vais devoir y aller doucement. Sur les hauteurs la vue est vraiment époustouflante et j’imagine que par temps clair, on doit voir très loin. La journée a été marqué par le passage près du Mont Gerbier de Jonc, comme je me l’étais promis. Le chemin est toujours agréable et je décide de faire un crochet vers Sainte-Eulalie, un joli petit village au pied du Mont Gerbier de Jonc et au cœur duquel coule la Loire. J’appelle la mairie pour savoir si je peux bivouaquer mais le maire est catégorique, il y a un camping 4 étoiles et aucun terrain communal. Je passe pourtant devant le stade de foot et le tennis justement au bord de la Loire, mais ma démarche ne semble pas intéresser l’individu. Tant pi, finalement ça m’arrange, ça fera moins de kilomètres demain, de gros orages sont encore annoncés et je devrais vite me mettre à l’abri ainsi qu’Honoré. Finalement c’est à Sagne-et-Goudoulet, un charmant petit village de montagne, que je trouve le bivouac parfait. Parfait parce qu’en fait tout est organisé pour accueillir des ânes. En saison, le bâtiment tout proche est un gîte et le terrain est aménagé pour les ânes car il est sur un circuit d’un loueur d’ânes tout proche.
Petit détour par le cimetière pour faire le plein d’eau avant de prendre la route qui va être longue aujourd’hui. 23 km avec beaucoup de dénivelés et peu de pauses car le temps presse, de nombreux orages sont encore annoncés cet après-midi et de la grêle ce soir. Heureusement Sabine et Anthony, les boulangers bio de Bourbon-l’Archambault, sont passés par ici l’an dernier avec leur âne et m’ont conseillé une adresse, chez Fanny. Le premier orage passe à côté de nous, j’en profite pour faire la pause déjeuner, le second arrive juste au moment du départ mais comme la forêt tu es plutôt dense à cet endroit nous sommes peu mouillés. On prendra quand même quelques gouttes du troisième orage. La météo nous laisse le temps d’arriver et de monter le campement. Nous allons faire une pause ici, Honoré moi l’avons bien mérité ! Soudain le ciel devient noir et menaçant… ça y est la grêle arrive. Heureusement grâce à l’application de météo, j’ai pu voir d’où allait arriver l’orage et installer le campement à l’abri de grands sapins qui semblent suffisamment solides. Nous sommes à l’abri, assez pour ne pas subir de dégâts. Un camping-car garé dans la cour de la chèvrerie, a eu des impacts sur son panneau solaire.
Je remercie au passage toutes les personnes qui continuent de participer à la cagnotte http://www.leetchi.com/c/tdfane ça va permettre à Honoré de prochainement refaire une visite avec un ostéopathe et contrôler que tout va bien et renouveler le matériel usé 😉